- BAGDACHE (K.)
- BAGDACHE (K.)BAGDACHE KH LED (1912-1995)Avocat kurde formé à Moscou, Khaled Bagdache (Kh led Bakdash) s’imposa rapidement comme le dirigeant incontesté du Parti communiste libano-syrien (fondé en 1930) et le porte-parole du mouvement communiste dans le Proche-Orient arabe. Brillant orateur, publiciste prolixe, bon tacticien, Kh led Bakdash devient en 1954 le premier député communiste du monde arabe. À l’intérieur de son parti, il instaure à son profit un culte de la personnalité et fait sienne la politique du Kremlin dans ses différents tournants. Ainsi, à la tactique «classe contre classe» succéda en 1936 une politique de «front populaire» avec la bourgeoisie nationale. Tout en maintenant des liens fraternels avec le Parti communiste français, Bakdash fit adopter pendant la Seconde Guerre mondiale l’objectif de l’indépendance nationale, en «alliance avec la démocratie française». Le prestige acquis par le parti au cours de cette lutte fut perdu en 1948, lorsque l’U.R.S.S. soutint la création d’Israël et que le Parti communiste syrien — formellement séparé depuis 1944 du Parti communiste libanais — fut interdit, la politique d’union nationale décrétée en 1944 fut remplacée par une attitude sectaire vis-à-vis du mouvement nationaliste durant la période de la guerre froide, ce qui ne fut pas sans favoriser la montée du Baath syrien. L’éloignement progressif de Nasser vis-à-vis des puissances occidentales entraîna un infléchissement de la politique du Kremlin et Bakdash préconisa alors pour la Syrie un «front national» incluant toutes les classes. De 1956 à 1958 son influence (et celle du Parti communiste syrien) fut à son faîte. Précisément par crainte du Parti communiste, le Baath hâta l’union avec l’Égypte et fonda en février 1958 la République arabe unie (R.A.U.). Kh led Bakdash, qui était hostile à une fusion et prônait la fédération avec l’Égypte, y vit à bon droit une parade anticommuniste. Isolé, le parti communiste fut à nouveau dissous et Bakdash dut se réfugier dans les pays de l’Est, à Prague notamment. Après l’éclatement de la R.A.U., et malgré l’entrée d’un membre du parti au gouvernement en 1966, les communistes syriens ne furent plus en mesure de retrouver une position politique équivalente à celle de 1956-1958. Vieilli, ne bénéficiant plus du même soutien de la part du Kremlin, Bakdash finit même par être contesté par une fraction de son propre parti. Ayant approuvé les nationalisations opérées par le Baath en 1965, Bakdash revient à Damas en 1966. En 1972, il devient membre du Front national progressiste, regroupant autour du Baath les forces nationalistes ou progressistes, dont le Parti communiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.